République centrafricaine
Médecins Sans Frontières reste un prestataire de soins clé en République centrafricaine (RCA). Nos équipes fournissent des services médicaux essentiels aux communautés isolées et aux personnes qui ont fui la violence au Soudan et au Tchad.
Un pays gravement fragilisé par les combats
Les affrontements armés entre forces gouvernementales et groupes d’opposition ont légèrement diminué en 2023. Mais la violence a continué sans relâche dans certaines régions du pays, entraînant une pauvreté extrême et des déplacements massifs, et aggravant une crise sanitaire qui dure depuis des décennies.
Des milliers de personnes ont été tuées ou blessées. Des millions ont été déplacées au cours d'années de conflit sanglant - mais largement négligé - en République centrafricaine.
Le contexte humanitaire de la RCA
La majorité de la population centrafricaine a besoin d’une aide humanitaire
Après la guerre civile meurtrière en 2013-2014, la RCA a connu une période de calme relatif, malgré des épisodes de violence sporadiques. Les combats entre le gouvernement et les groupes armés non étatiques, déclenchés par un processus électoral, se sont intensifiés au début de 2021.
Aujourd'hui, le pays tente de s'orienter vers un processus de stabilisation, avec le soutien des forces internationales qui reprennent les principales villes et repoussent les combats dans la brousse.
Les Nations unies ont estimé que 63 % de la population centrafricaine avait besoin d'une aide humanitaire en 2022.
Avec une population de 4,9 millions d'habitants, plus d'un million de personnes sont soit déplacées à l'intérieur du pays, soit réfugiées.
Les combats intenses dans les zones rurales ont plongé les civils dans la peur et les ont obligés à fuir leurs maisons. Les personnes qui se rendent sur les sites de déplacement sont confrontées à des conditions déplorables, aggravées par un accès très limité aux besoins de base, tels que la nourriture, l'eau potable et l'assainissement.
Un système de santé qui fonctionne à peine
La RCA enregistre l’un des taux d’accès aux soins les plus bas au monde : moins de la moitié des structures de santé du pays étaient jugées fonctionnelles en 2023. À cela s’ajoute une grave pénurie de personnel médical.
L'accès limité aux soins de santé signifie que les maladies évitables continuent de faire des ravages.
La violence entrave l’accès aux soins
Malheureusement, les équipes humanitaires et les personnes soignées n’ont pas été épargnées par la violence.
En 2023, les Nations Unies ont enregistré 169 incidents violents comprenant menaces et attaques, dont des agressions contre les soins médicaux.
En septembre 2023, nous n’avons pas eu d’autre choix que de suspendre notre soutien de proximité dans la périphérie de Batangafo pendant plusieurs mois après une série de graves incidents de sécurité.
Un taux très élévé de paludisme
Le paludisme reste l'un des plus grands défis de santé publique du pays. Les taux de transmission du paludisme sont élevés tout au long de l'année et culminent pendant la saison des pluies.
L'accès limité aux soins de santé signifie que peu de personnes sont officiellement diagnostiquées dans un établissement de santé à l'aide d'un test de diagnostic, ce qui indique des lacunes importantes dans l'accès aux soins médicaux de base.
Que fait MSF en République centrafricaine ?
Dans de nombreuses régions, les structures de santé de MSF sont les seuls endroits où les gens peuvent se faire soigner gratuitement. Nous gérons 13 projets de soins de santé de base et spécialisés dans tout le pays, qui apportent un soutien indispensable à la santé maternelle et infantile, à la malnutrition, à la chirurgie, à la violence sexuelle, au traitement du VIH/SIDA et à la prévention des maladies infectieuses.
Soins médicaux dans les zones isolées
Dans ce contexte fragile, les équipes de MSF dans les zones rurales de Bambari, Bangassou, Batangafo, Bossangoa, Bria et Carnot ont offert des soins généraux et spécialisés à des centaines de milliers de personnes.
Soutien aux hôpitaux
À Bangui, la capitale, nos équipes ont continué de gérer les services chirurgicaux et postopératoires de l’hôpital SICA, le principal centre pour les urgences chirurgicales de la ville.
À l’hôpital CHUC, notre soutien a permis d’assurer le seul accès gratuit à des soins essentiels pour les femmes souffrant de complications obstétricales et les nouveaunés, ainsi que pour les personnes vivant avec le VIH à un stade avancé.
Toute l’année, MSF a soutenu les hôpitaux de référence, en offrant des services de chirurgie d’urgence, soins intensifs, pédiatrie, néonatalogie, nutrition intensive et santé sexuelle et reproductive.
Soutien pour les soins en santé sexuelle et maladies non transmissibles
Nos équipes ont aussi renforcé les soins en santé sexuelle et reproductive, les tests de dépistage et le traitement du VIH dans des structures de santé plus petites.
Nous avons facilité l’accès aux soins pour le VIH, la violence sexuelle et les maladies non transmissibles comme le diabète et la drépanocytose.
Renforcement des soins communautaires
MSF a formé du personnel soignant communautaire et fourni du matériel médical aux dispensaires pour traiter le paludisme, les infections respiratoires et les maladies d’origine hydrique, qui sont les principales causes de décès chez les enfants.
Traitement contre le VIH
La République centrafricaine connaît une forte prévalence du VIH et de faibles taux de couverture antirétrovirale. Le VIH/sida est l'une des principales causes de décès chez les adultes dans le pays et nos équipes s'efforcent de rendre les traitements plus accessibles aux patients de longue durée.
MSF a transféré au ministère de la Santé nos projets de soins et activités liées au VIH à Zemio, dans la préfecture de Haut-Mbomou, et à Boguila, dans la préfecture d’Ouham. Nous y avons introduit avec succès un modèle de soins communautaires centré sur la personne.
Aide aux déplacés et interventions d’urgence
MSF a aidé les personnes qui ont fui la violence dans les pays voisins et cherché refuge en RCA.
Dans les préfectures de Vakaga et Mbomou, nous avons apporté une aide d’urgence aux personnes réfugiées du Soudan.
Dans la préfecture d’Ouham-Pendé, nous avons soutenu les personnes qui ont fui les tensions entre groupes éleveurs et groupes cultivateurs au Tchad.
Nous avons aussi mené des campagnes de vaccination d’urgence pour enrayer des épidémies de rougeole dans les préfectures de Mbomou et Haute-Kotto.
Soutien aux victimes de violences sexuelles
La clinique Tongolo, située à côté du CHUC, reste une bouée de sauvetage pour les personnes survivantes de violence sexuelle. Elle offre un soutien médical et en santé mentale essentiel, ainsi que des conseils en matière de protection et recours juridiques.
En octobre 2023, la publication d’un rapport présentant les chiffres de cinq années de soins et d’engagement de MSF dans la lutte contre la violence sexuelle en RCA a mis en lumière cette urgence invisible et le besoin urgent de soins et de soutien complets pour les personnes survivantes.