Crise climatique
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Quels impacts sanitaires observons-nous?
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Comment nos équipes y répondent-elles?
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Et que faisons-nous pour réduire notre propre empreinte ?
Des pluies et des inondations sans précédent au Pakistan et au Soudan du Sud, les plus grandes sécheresses depuis des décennies en Somalie, en Éthiopie et à Madagascar... La crise climatique a un impact énorme sur de nombreuses populations. En tant qu'organisation médicale, il n’est pas de notre ressort de déterminer les causes de ces nombreuses catastrophes climatiques. Nous pouvons par contre constater que les patients que nous aidons dans le monde entier sont de plus en plus victimes du réchauffement climatique.
MSF travaille dans certaines régions du monde les plus sensibles au climat
Nous travaillons dans certaines régions du monde les plus sensibles au climat. Dans ces régions, nous répondons aux crises les plus urgentes : conflits, catastrophes naturelles, épidémies et migrations. La crise climatique ne fait qu’exacerber certaines de ces catastrophes humanitaires. Les conséquences sur les soins de santé, qui dans beaucoup de ces pays n’étaient déjà pas optimaux, nos équipes les constatent tous les jours.
Changement climatique : quels effets sur la santé publique observons-nous ?
Bon nombre des conséquences du changement climatique : inondations, sécheresses, tempêtes violentes, ne sont pas des problèmes récents. Nous observons cependant une intensification de ces phénomènes météorologiques, tant sur le plan de la gravité que de la fréquence. Nous réagissons déjà aux effets de ces phénomènes météorologiques extrêmes, mais nous nous attendons à ce qu'ils s'aggravent dans les années à venir.
Pluies intenses : augmentation du paludisme et de la dengue
À cause de l’intensification des précipitations dans les endroits où nous travaillons, les maladies transmises par les moustiques, comme le paludisme et la dengue, semblent être en augmentation. La semaine dernière encore, comme nous l'avions craint, le paludisme et la dengue se sont déclarés au Pakistan, inondé. Ces dernières années, nos équipes ont observé une augmentation des fortes pluies dans plusieurs pays et y ont par conséquent traité beaucoup plus de patients atteints du paludisme. En 2018 et 2019, au Honduras, pays considéré comme un “hotspot” du réchauffement climatique, nous avons répondu à la pire épidémie de dengue depuis 50 ans. Cette épidémie faisait suite à une saison des pluies prolongée dans le pays.
Sécheresse et inondations : plusieurs pays traversent une crise alimentaire
La sécheresse et les inondations ont eu un impact indéniable sur la malnutrition dans certaines régions où nous travaillons. Au Pakistan, les inondations ont détruit la production alimentaire de près de la moitié (!) du pays. Les pluies et les inondations ont également détruit les récoltes au Soudan du Sud et au Niger. Au cours des deux dernières années, dans ces deux pays, nous avons donc admis plus de patients souffrant de malnutrition que d'habitude. Naturellement, nos équipes se préparent actuellement à devoir gérer le même problème au Pakistan.
Des pays comme l'Éthiopie, la Somalie ou Madagascar traversent actuellement les pires sécheresses depuis des décennies. Les conséquences sont désastreuses : des récoltes entières sont infructueuses, année après année. Les réserves alimentaires s'épuisent progressivement, entraînant une hausse des prix des denrées. Dans ces pays, nous répondons à une très grande famine.
Les terres agricoles : source de conflits dans les pays du Sahel
Au Sahel, c'est-à-dire dans la quasi-totalité des pays d'Afrique situés au sud du Sahara, le changement climatique a contribué au déséquilibre des terres disponibles entre éleveurs et agriculteurs. Des conflits généralisés sont nés de cette concurrence pour les ressources et l'accès aux terres. Nous constatons une forte augmentation de la violence et de l'insécurité dans plusieurs pays du Sahel. Nos équipes y apportent une assistance médicale d'urgence.
Ouragans et cyclones : de plus en plus de personnes déplacées
Des millions de personnes fuient actuellement des conditions climatiques invivables ou sont déplacées par des catastrophes naturelles liées à la crise climatique. Des millions d'autres seront déplacés dans les années à venir. Au Honduras, nos équipes ont fourni une assistance médicale aux personnes déplacées à cause des ouragans Eta et Iota, les pires tempêtes qui ont frappé l'Amérique centrale depuis l'ouragan Mitch en 1998. Au Mozambique, au Zimbabwe et au Malawi, nos équipes sont venues en aide aux personnes déplacées après la destruction de leurs maisons par le cyclone Idai.
Que fait Médecins Sans Frontières pour réduire son empreinte ?
Le changement climatique nous affecte tous, de manière directe et indirecte. Chacun d'entre nous doit prendre ses responsabilités pour minimiser son empreinte. Tout d’abord, nous reconnaissons que nous contribuons de manière significative à cette crise. Notre travail nous amène à intervenir dans les crises du monde entier et par conséquent, à émettre beaucoup de CO2. Réduire cette empreinte carbone est un défi de taille, mais que nous nous engageons à relever.
Notre engagement climatique
2020 : Médecins sans frontières signe un pacte environnemental
Fin 2020, Médecins Sans Frontières a signé le Pacte pour l'environnement. Ce pacte consiste d’une part à reconnaitre l'impact environnemental dont nous sommes responsables en tant qu'organisation et d’autre part, à nous engager à adapter nos activités pour réduire considérablement notre empreinte carbone.
Nous limitons nos voyages en avion
Nous limitons les trajets aériens internationaux. Dans tous les pays du monde où nous travaillons, la grande majorité de l'aide que nous apportons est déjà fournie par nos employés locaux. Les réunions, les formations et les ateliers ont lieu en ligne. Nous achetons le matériel médical au plus près des lieux où nous travaillons. Ces changements, qui réduisent tous considérablement nos voyages en avion, ont été accélérés suite au COVID-19, qui a eu un grand impact sur la mobilité internationale de nos effectifs et des marchandises.
Nous évitons le gaspillage
Nous nous efforçons de créer une chaîne d'approvisionnement efficace et socialement responsable pour réduire, réutiliser et recycler les matériaux et équipements médicaux. Nous avons par exemple lancé un projet en Ouganda afin de remplacer les millions de sacs en plastique que nous utilisions chaque année pour distribuer les médicaments par des sacs écologiquement durables, utilisant des matières premières locales fabriquées par les communautés locales. Nous réduisons également les déchets médicaux dans nos hôpitaux et cliniques et nous étudions les possibilités d'abandonner les produits à usage unique lorsque cela est approprié.
Nous investissons dans des panneaux solaires
Nous développons de nouvelles solutions énergétiques, comme l'utilisation de panneaux solaires pour alimenter certaines de nos activités médicales, ainsi que des approches innovantes qui répondent à l'environnement dans lequel nous travaillons. Au Pakistan, par exemple, nous avons installé des panneaux solaires dans les établissements auxquels nous apportons notre soutien, à Dera Murad Jamali, Chaman et Kuchlak, tous situés dans la province du Baloutchistan. Ces systèmes, qui sont complétés par l'électricité du réseau ou d'un générateur, fournissent une alimentation ininterrompue pour l'éclairage, la climatisation, les ventilateurs, le pompage et le refroidissement de l'eau.