Cisjordanie: les Palestiniens à Hébron privés de soins médicaux
Hébron, Territoires palestiniens occupés, 6 août 2024 – Les blessures physiques, les traumatismes psychologiques et l'accès restreint aux soins médicaux font partie du quotidien de nombreux Palestiniens vivant dans et autour de la ville d'Hébron, en Cisjordanie, avertit l'organisation médicale internationale Médecins Sans Frontières (MSF) dans un nouveau rapport publié aujourd'hui. Dans "Vies occupées : le risque de transfert forcé des Palestiniens à Hébron", MSF détaille la détérioration rapide de l'accès aux soins médicaux pour les Palestiniens à Hébron en raison des restrictions imposées par les forces israéliennes et de la violence perpétrée par les soldats et les colons israéliens.
« Les restrictions de mouvement, le harcèlement et la violence des forces israéliennes et des colons infligent des souffrances immenses et inutiles aux Palestiniens d'Hébron », déclare Frederieke van Dongen, responsable des affaires humanitaires de MSF. « Cela a un impact désastreux sur la santé mentale et physique des personnes. »
Les cliniques du ministère de la Santé dans tout le gouvernorat d'Hébron ont été contraintes de fermer, les pharmacies sont à court de médicaments et les ambulances transportant les malades et les blessés ont été bloquées et attaquées. Confrontés aux restrictions de mouvement et à la menace de violence, de nombreux malades retardent leur consultation chez le médecin ou n'ont d'autre choix que d'arrêter complètement leur traitement. De plus, de nombreuses familles à Hébron subissent de graves difficultés financières après avoir perdu leurs moyens de subsistance, ce qui les oblige à annuler leur assurance santé, à limiter leur alimentation et à se passer de médicaments essentiels qu'elles ne peuvent plus se permettre.
À travers les témoignages des patients et des communautés palestiniennes soutenues par MSF, le rapport expose les conséquences des restrictions de mouvement imposées par Israël et de la violence physique sur les Palestiniens voulant bénéficier de soins médicaux, et décrit son impact dévastateur sur le bien-être physique et psychologique des personnes.
L'une des zones les plus restreintes de la Cisjordanie est appelée « H2 ». Dans cette région, 21 points de contrôle permanents, gérés par les forces israéliennes, régulent les mouvements des résidents palestiniens, posant des obstacles significatifs aux travailleurs de la santé qui tentent d'y accéder. Pendant les deux mois suivant le 7 octobre, les cliniques du ministère de la Santé situées dans H2 ont été fermées. Seule une clinique a pu rester ouverte, car la majorité du personnel du ministère de la Santé ne disposait pas des autorisations nécessaires pour franchir le point de contrôle israélien menant à H2.
« Il n'y a actuellement aucune clinique en fonctionnement dans la zone fermée [H2], et même s'il y en avait, les résidents vivent dans la peur de perdre leur vie pour obtenir des médicaments », a déclaré un membre du personnel de MSF et résident de H2, s'exprimant en novembre 2023 après que les forces israéliennes ont bloqué l'accès à tout le personnel du ministère de la Santé dans la zone, les forçant à fermer leurs portes aux patients. « Vous ne pouvez pas tomber malade ici, c'est interdit. »
« Dans les mois qui ont suivi les attaques du 7 octobre, les restrictions de mouvement et la violence dans la zone H2 de la ville d'Hébron étaient si intenses que les patients ont dû grimper par-dessus des clôtures et des toits, au péril de leur vie, juste pour accéder aux soins de santé », déclare van Dongen.
La menace de violence continue exerce une lourde pression sur la santé mentale des personnes, selon les équipes de MSF. « Lorsque les soldats viennent la nuit pour des incursions domiciliaires, mes enfants et ma femme se cachent derrière moi pour se protéger, mais je ne peux pas les protéger », déclare un patient palestinien à Masafer Yatta, dans les collines du sud d'Hébron. « Ils ont le pouvoir ; ils peuvent faire ce qu'ils veulent. »
Le rapport de MSF met également en lumière les déplacements forcés dans le gouvernorat d'Hébron. Les politiques et pratiques de plus en plus coercitives et violentes des autorités et des colons israéliens poussent un nombre croissant de familles palestiniennes à fuir leurs foyers, ce qui pourrait constituer un transfert forcé, selon MSF. Le rapport décrit comment, depuis octobre 2023, les équipes de MSF ont répondu aux besoins urgents de plus de 1 500 Palestiniens à travers Hébron, soit ayant été déplacés de force de leurs villages, soit dont les maisons ont été démolies et les biens détruits.
« Malgré leurs responsabilités en tant que puissance occupante, les autorités israéliennes n'ont pas respecté leurs obligations envers le peuple palestinien », déclare Dongen. « Les politiques israéliennes mises en œuvre à Hébron ont déjà des conséquences profondes sur la santé physique et mentale des Palestiniens. Nous appelons les autorités israéliennes à garantir un accès sans entrave aux soins de santé et à d'autres services essentiels, à protéger les Palestiniens contre les déplacements forcés et à faciliter le retour en toute sécurité des communautés déplacées dans leurs foyers. »