Le défi de l’accès aux soins de santé pour les personnes LGBTQIA+
À l’occasion de la Journée Internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie ce 17 mai, et de la Brussels’ Pride ce samedi 18 mai, Médecins Sans Frontières rappelle qu’aux quatre coins de la planète, les personnes LGBTQIA+ se voient refuser des soins de santé, en sont exclues ou sont amenées à éviter les systèmes de santé suite à des expériences négatives voire traumatisantes. Ces freins à l’accès à des soins de santé de qualité et adéquats donnent lieu à des complications médicales importantes et ont des conséquences néfastes sur le bien-être psychologique et social.
MSF est présent dans 34 des 67 pays qui criminalisent encore les personnes LGBTQIA+
Largement exclues et marginalisées, les personnes LGBTQIA+ doivent régulièrement faire face à des difficultés d'accès aux soins, des soins inappropriés voir des refus. Ces disparités entrainent des troubles de santé mentale tels que dépression, anxiété, syndrome de stress post-traumatique, pouvant engendrer un risque accru de suicide.
La discrimination subie, et le manque de services inclusifs (prenant en compte les spécificités des besoins des personnes LGBTQIA+), engendrent des traitements inadéquats en matière de santé sexuelle (IST, MST, VIH/Sida), des risques accrus de cancer du col de l'utérus et du sein, des taux plus élevés de maladies cardiaques, ou l’augmentation des violences sexuelles et sexistes.
En raison du manque d’accès à des soins sûrs et abordables, des complications liées aux traitements hormonaux substitutifs non contrôlés et auto-médicamentés sont également observés.
J'ai demandé au médecin de me prescrire des hormones permettant d’affirmer mon genre, mais lorsqu'il a découvert que j'étais transgenre, il a refusé de me traiter. Je me suis auto-médicamentée avec des hormones que j'ai obtenues d'une autre source, et au bout de 5 mois, cela a provoqué une infection pulmonaire de stade 1
explique une femme transgenre à Dhaka, au Bangladesh.
S’il est difficile de trouver des chiffres illustrant la situation au niveau mondial, en Europe, plus d'un tiers des personnes LGBTQIA+ seraient encore confrontées à la discrimination dans leur vie quotidienne. Une légère baisse de 42 % en 2019 à 36 % en 2023 a été constatée (3ème enquête LGBTQI+ de la FRA2). Les personnes interrogées mentionnent également le manque d'accès de base aux soins de santé : 1 femme transgenre sur 7 (13 %), 10 % des hommes transgenres et 8 % des personnes intersexuées ont déclaré s'être vu refuser un traitement. Environ 1 femme transgenre, 1 homme transgenre et 1 personne intersexuée sur 5 ont déclaré avoir dû changer de médecin ou de spécialiste en raison de leur réaction négative. 6 % de l'ensemble des personnes interrogées ont préféré ne pas accéder aux soins de santé, évitant de se faire soigner par crainte de discrimination.
Dénoncer les obstacles aux soins de santé pour les personnes LGBTQIA+ va de pair avec une indispensable et continuelle amélioration de nos pratiques.
Le « LGBTQIA+ Inclusion Project » de MSF
Fournir des soins de qualité aux personnes marginalisées et victimes de discrimination est au cœur des principes et des valeurs de MSF : c’est à dire l'accès aux soins de santé pour tous et toutes, indépendamment de toute considération religieuse, philosophique, ethnique, culturelle ou politique. Au cours des 25 à 30 dernières années, MSF a travaillé avec les populations LGBTQIA+ dans de nombreux contextes, mettant en place des programmes destinés aux populations clés pour les interventions liées au VIH et à la santé sexuelle et reproductive (SSR).
En 2022, MSF a lancé le « LGBTQIA+ Inclusion Project »3 destiné au personnel MSF pour augmenter la conscientisation des difficultés et obstacles auxquels font face les personnes LGBTQIA+ et améliorer les pratiques en matière d’aide médicale humanitaire. Le projet a permis de développer des pratiques innovantes et d’évaluer la compréhension des obstacles aux soins de santé pour les personnes LGBTQIA+, de collaborer avec des organisations locales, et de publier un rapport basé sur des entretiens avec 15 ONG locales opérant dans les zones d’activités de MSF.
MSF Rainbow Network
Le projet « LGBTQIA+ Inclusion » se concentre sur l’inclusion des patient.es uniquement. Mais MSF vise également à créer un environnement de travail où tous les membres du personnel de MSF se sentent en sécurité, respectés et valorisés. Le MSF Rainbow Network a été créé en 2016 pour veiller à ce que la définition de la diversité au sein de MSF inclue l'orientation sexuelle, l'identité et l'expression de genre, pour stimuler les initiatives qui améliorent l'inclusion du personnel LGBTQIA+ et pour permettre plus de visibilité à ceux qui le souhaitent.