MSF condamne la décision de Nicole De Moor de suspendre temporairement l’accueil des hommes seuls demandeurs d’asile en Belgique
Médecins Sans Frontières condamne fermement la dernière décision de la secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration, Nicole De Moor, de suspendre temporairement l’accueil dans le réseau Fedasil des hommes seuls demandeurs de protection internationale en Belgique. Cette décision intolérable risque, après deux années de crise au cours desquelles les places pour les hommes seuls étaient déjà très limitées, d’engendrer un nouvel afflux de personnes en rue dans la capitale et ailleurs en Belgique. En tant qu’organisation médicale humanitaire internationale, MSF tire à nouveau la sonnette d'alarme quant à l’impact d’une telle décision sur la santé physique et mentale des personnes demandeuses de protection internationale.
Depuis le début de la crise, nos équipes sur le terrain travaillent au plus près des demandeurs de protection internationale et autres personnes en situation d'exclusion pour subvenir au mieux à leurs besoins tout en dénonçant les conséquences catastrophiques du manque d’hébergement, auxquels ils ont légalement droit, sur leur santé mentale et physique.
Entre janvier et juin 2023, nos équipes MSF au Hub Humanitaire ont vu 527 patients en consultation de santé mentale (psychologique et psychiatrique), pour un total de 1090 consultations. Jusqu'à 85% de ces personnes sont des demandeurs de protection internationale et près de 90% sont des hommes seuls provenant en grande majorité de la rue. Ces chiffres viennent donc appuyer et confirmer l’inquiétude de nos équipes quant à la mise à la rue systématique de ce groupe de personnes. Compte tenu du nombre élevé de personnes qui dorment déjà dans les rues, et des squats qui doivent maintenant fermer (comme celui rue de la Loi ce jeudi 31/08), nous pensons que cette décision ne fera qu'aggraver la situation déjà chaotique.
« La décision de suspendre temporairement l'accueil des hommes seuls est une idée absurde qui ne fera qu'accroître le nombre de personnes à la rue. » Jean-Paul Mangion, coordinateur médical MSF pour la mission belge.
Les patients que nous voyons en consultation ont des besoins importants, ayant subi des traumatismes, souffrant de dépression sévère, d'anxiété et de psychose. Nombre d'entre eux sont également victimes de différentes formes de violence, qu'elle soit physique, sexuelle ou policière, ici en Belgique, mais aussi dans leur pays d'origine et sur la route migratoire qu'ils ont suivie.
MSF demande l’accès à l’hébergement et à la protection pour tous et appelle, une fois encore, le gouvernement à assumer ses responsabilités, et à respecter les obligations nationales et internationales. Des mesures d’urgence doivent être prises.