KABO, REPUBLIQUE CENTRE AFRIQUE : 16 ans d’intervention médicale en 5 moments clés
Mercredi 16 novembre 2022
En Octobre 2022, Médecins Sans Frontières a mis fin au projet médical de 16 années à Kabo, en République Centrafricaine. Retour sur les 5 moments clés de cette mission.
1- nous commencons le projet
Notre projet débute en 2003 dans le but de soutenir médicalement les 60 000 habitants de Kabo. Après plusieurs mois d’interventions, nous clôturons la mission. Trois années plus tard, Kabo et Batangafo ont subi une recrudescence de la violence armée. C'est pourquoi, en 2006, nous nous devions d'y retourner, pour porter secours aux citoyens.
Au fil du temps, nous avons transformé le centre de santé local en hôpital de niveau secondaire. En parallèle, nous avons soutenu les centres de santé de Moyenne Sido et Farazala à proximité. En travaillant avec la communauté locale et en gagnant lentement sa confiance, nous avons pu étendre notre assistance.
2- nous observons et nous relevons des defis
Ci-dessous, un compte-rendu chiffré de nos actions à Kabo :
Néanmoins, derrière les statistiques se trouve une réalité troublante pour le personnel de santé.
Sylvain Groulx, chef des opérations MSF, qui a travaillé sur différents projets en RCA, dont Kabo, pendant près de deux décennies témoigne :
« Il arrivait parfois de voir des femmes assises dans la salle d'attente ayant des complications à l’accouchement depuis deux ou trois jours. Accoucher ici représentait la sécurité. Au début, seulement quelques femmes venaient accoucher à l'hôpital, mais par la suite beaucoup arrivaient. Cette augmentation a aussi contribué à la réduction de la mortalité maternelle dans un pays qui a le deuxième taux de mortalité maternelle le plus élevé au monde »
3- nous devenons un refuge
Comme dans d’autres zones en RCA, Kabo a été touchée plusieurs fois par des conflits et contrôlée par différents acteurs armés. La ville a accueilli des milliers de personnes déplacées pendant des années.
Au fil du temps, les abris, sont devenus indiscernables du reste de la ville.
« Parfois, lors d'explosions de violence, les gens cherchaient refuge à l'hôpital. Il n'y avait aucun autre endroit où ils se sentaient en sécurité », dit Groulx.
4- nous devons clôturer
L'insécurité constante à Kabo entraînait des incidents récurrents : enlèvements aux vols à main armée sur la route et au sein de la base MSF, intrusions d'hommes armés dans nos structures médicales, …
A titre d'exemple, en janvier dernier, des hommes armés non identifiés ont ciblé un convoi de nos véhicules sur la route Batangafo-Kabo. Cette attaque avait entraîné la fermeture du projet : nous avions dû suspendu le mouvement de nos équipes le long de la route.
En février, tout le personnel non-résident a été évacué et certaines activités ont été réduites. Sans une supervision directe des activités restantes ou une visibilité claire sur la possibilité d’un accès sécurisé à la ville, il nous est impossible de maintenir un soutien indéfiniment.
5- nous favorisons l'autonomie locale
Durant 16 ans, nos équipes ont continuellement formé le personnel local et de santé publique. L’objectif était de favoriser l’autonomie de la communauté.
Notre départ de Kabo été convenu avec les autorités et le ministère de la Santé et de la Population qui a repris les activités à partir d'octobre 2022.
Lors de la clôture de notre mission, nous avons fait don de matériel et de médicaments à l'hôpital de Kabo. De plus, jusque fin 2023, nous continuerons de prendre en charge les frais du personnel sur place, ainsi qu'au niveau des deux autres structures de santé de la zone.