Voix du Sud-Kivu: Zawadi
Alors que le conflit s'intensifie dans l'est de la République Démocratique du Congo, de nouvelles personnes déplacées sont arrivées dans la zone de santé de Minova, dans la province du Sud-Kivu. Dans le cadre d'une série d'articles intitulée "Voix du Sud-Kivu", nous partageons les histoires des personnes que nous avons rencontrées dans le camp de Bugeri.
“Mes enfants sont la priorité”
Je suis Zawadi, originaire du territoire de Masisi (Nord Kivu). Je suis venue à pied, avec mes 10 enfants. Au village je tenais un petit commerce, je vendais des oignons et des choux. Je n’ai pas vu les hommes armés mais j’entendais chaque jour des échanges de tirs, de plus en plus proches. Avant qu’il ne soit trop tard, j’ai décidé de partir et j’ai emmené mes enfants sur la route. Nous avons passé plusieurs nuits en chemin avant d’arriver ici à Bugeri (Sud Kivu) le 8 janvier 2024. Au camp j’ai construit moi-même ma hutte... malheureusement un soir, elle a pris feu.
Une partie de mes enfants a pu être envoyée à Cebumba chez l’une de mes sœurs, les cinq plus jeunes sont restés ici à mes côtés. Je ne peux pas compter sur mon mari pour prendre soin des enfants car il vit ici avec une autre femme. Au début, je trouvais facilement du travail dans les champs. Maintenant qu’il y a de plus en plus de personnes déplacées, il est beaucoup plus difficile de trouver du travail. Alors les femmes qui comme moi ont des bébés à charge ne sont plus employées. Les propriétaires terriens leur reprochent de ralentir notre travail avec leurs pleurs, ils nous préfèrent les cultivateurs sans enfants.
Sans ce revenu, trouver de quoi se nourrir devient encore plus difficile. Les nuits aussi sont longues et lorsqu'il pleut, nos abris prennent l’eau, nous ne savons pas où trouver refuge. J’ai vu des bombes tuer des gens autour de moi. Lorsqu’il a été question de fuir, je n’ai pas hésité. Mes enfants sont la priorité et je sais qu’ils prendront soin de moi plus que quiconque le moment venu